On nous aura suffisamment dit qu'en chinois dans l'idéogramme de crise il y aussi le mot "opportunité"... L'heure semble idéale pour passer les grandes écoles et leur système à la loupe ! Ayant étudié à HEC, je m'autorise donc à parler de mon école...
D'un côté, un article du Monde publié lundi 7 octobre sur "Les filles brillent en classe, les garçons au concours !". Il apporte un éclairage intéressant sur l'impact du mode de sélection à HEC sur la proportion de femmes et d'hommes dans les promotions.
L'extrait suivant est édifiant : "Les conclusions de cette étude sont accablantes. Les candidates aux concours de l'école de Jouy-en-Josas (Yvelines) ont beau avoir de meilleurs dossiers que leurs concurrents masculins (mentions au bac supérieures, meilleure représentation dans les bonnes classes préparatoires), elles y réussissent moins bien. Alors que le pourcentage d'hommes et de femmes candidats est équilibré sur les trois années étudiées (50,84 % d'hommes, 49,16 % de femmes), le pourcentage de femmes admissibles tombe à 46,32 %, et celui d'admises à 45,92 %... Pis, après le concours, "celles qui l'ont réussi obtiennent en première année en moyenne des notes d'examen supérieures à celles de leurs congénères masculins." "
On constate aussi étonnamment que si les moyennes des notes des femmes et des hommes sont en général similaires, leur répartition a tendance mécaniquement à favoriser les hommes : "D'un point de vue technique, il semble que la structure du concours HEC crée d'avantage d'hétérogénéité chez les hommes que chez les femmes", estime M. Peyrache. Si, "en moyenne", les performances des hommes et des femmes sont similaires, "les notes des femmes sont concentrées autour de la moyenne, tandis que celles des hommes sont très dispersées avec beaucoup de très bonnes notes et de très mauvaises. Mécaniquement, quand on sélectionne les 380 premiers résultats, on a un peu plus d'hommes".
En conclusion, les auteurs de l'étude préconisent que l'on réfléchisse à une évolution des concours.
Voilà une bonne idée ! Ceci dit, si Evren Ors, Eloic Peyrache et Frédéric Palomino se sont penchés sur les résultats du concours HEC, cela montre aussi que l'école est ouverte à ce type de réflexion et c'est positif. Il est urgent qu'une telle démarche de réflexion se fasse au sein des grandes écoles françaises en général, et pas seulement sur la question des proportions hommes/femmes, mais aussi sur l'ouverture sur la diversité sociale et sur le lien avec la société en général. Nos écoles, qui ont effectivement un enseignement de qualité, forment nos "cerveaux" et ont de ce fait une responsabilité sur l'approche que nous avons collectivement de l'éthique des affaires, sur le lien entre économie et développement durable, etc.
Et puisque nous y sommes, Florence Noiville, qui vient de publier "J'ai fait HEC et je m'en excuse", interroge pour le Figaro le directeur du Groupe HEC, Bernard Ramanantsoa pour l'article : "D'une grande école, on devrait sortir grandi"!". Elle trouve que l'on ne remet pas assez en cause la formation des grandes écoles françaises, alors que la crise montre que les "élites françaises" n'ont su ni l'anticiper, ni l'éviter. Pire, elle accuse ces élites de ne penser qu'à elles et de ne pas penser assez au développement de la société dans laquelle nous sommes. Elle affirme que le mouvement des grandes écoles pour s'ouvrir à plus de diversité ou à un autre style de management est trop lent. Bernard Ramantsoa s'en défend vivement. Il est vrai qu'il me semble difficile de stigmatiser toutes les personnes issues des grandes écoles au motif que certaines personnes ont tel ou tel comportement. Il y a dans les grandes écoles comme partout des personnes ouvertes à la diversité, soucieuses d'éthique ou d'apporter dans le monde business des valeurs qui leurs tiennent à coeur. Alors ne nous excusons pas d'avoir fait HEC mais merci d'ouvrir le débat !
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