Attention danger ! L’heure est au délit de bonne gueule, eh oui, vous m’avez bien lue, au délit de bonne gueule ! C’est quoi, le délit de bonne gueule ? Ah ! l’affaire Madoff... Vous savez, ce côté « propre sur soi qui présente bien et à qui on donnerait le bon dieu sans confession » même s'il y a quelques signes avant coureurs de désordre... Comme le délit de sale gueule finalement, mais à l’envers... Pour quelles raisons faisons nous confiance à quelqu’un ? C’est vrai ça, si tout le monde devait se fier aux apparences et aux habitudes, Barack Obama n’aurait pas été élu. D’ailleurs Time dit de la nouvelle « personnalité de l’année 2008 » : « A l'occasion de l'une des élections les plus folles de l'histoire de l'Amérique, il a surmonté son manque d'expérience, son nom bizarre, deux candidats qui étaient des institutions politiques, sans parler du fossé racial », souligne encore Time (cf. le Monde). C’est tout, peuchère…
La nomination aujourd’hui
de Yazid Sabeg « nouveau monsieur
Diversité » (cf. Libération) nous entraîne dans une nouvelle
direction. Bon je ne suis pas naïve, enfin je ne crois pas, quoique… ça dépend
des jours J mais je préfère appeler cela
de l’optimisme ! Je sais qu’il y a un long chemin entre les bonnes
intentions et le vrai changement, mais… YES WE CAN ! Alors pour une fois
je suis d’accord avec le Président : ouvrons les grandes écoles à la
diversité française ! allez, soyons fous...
Moi qui ai étudié à HEC, je peux vous dire que je n’y ai pas croisé des
bataillons d’africains, d’arabes, d’asiatiques, de gens élevés en HLM et tutti
quanti, mais je ne vous apprend rien... Or c’est ça la France… pas plus tard qu’hier, je dinais avec des
copines toutes au nom bien français dont une est à moitié d’origine turque,
l’autre camerounaise, la dernière française « de souche » (sic…
bonjour l’expression) et moi, française, euh… pardon, d’origine haïtienne.
Ben oui, parce que c’est quoi cette histoire ? Je suis haïtienne ou française ? Je m’y perds moi-même finalement. Mon arrière grand-père était français, l’autre allemand, j’ai du sang indien d’amérique, africain, espagnol, et que sais-je encore, une sorte de gloubi boulga haïtien en fin de compte… D’ailleurs mes cousins qui n’ont jamais mis les pieds en France sont aussi français, mais uniquement par le sang, pas par le sol, mais à les voir, bouh, on dirait presque des immigrés :-) bon allez, faut bien plaisanter… Et j’ai une autre cousine française, qui a épousé un français d’origine italienne. Tout le monde la croit italienne, personne ne voit qu’elle a du sang « black ». D’ailleurs les gens sont toujours super surpris de nous découvrir cousines. Mais si, faites un effort, dépassez la couleur de la peau et regardez-nous bien, vous verrez la ressemblance…
Alors : « Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » comme disait la chanson J Suis-je une "minorité visible" ? Suis-je française ? immigrée ? intégrée ? noire ? métis ? Je vais vous faire un aveu… il n’y a que les autres pour se poser cette question ! Arrêtons de mettre les gens dans des cases et voyons les tels qu’ils sont. Barack Obama, premier Président noir américain ? Pas du tout. Obama n’est pas noir, il est métis. Pourquoi doit-il choisir entre son père et sa mère pour définir son identité ? Mais comme il l’a dit lui même, dans un pays où tout le monde vous voit comme noir, vous êtes noir... Nous aurons fait un grand progrès quand nous verrons chez lui et chez nous que le métissage est une identité comme une autre. Vous êtes moitié alsacien ou breton ? Un zeste polonais, italien, vietnamien, arabe, noir, portugais, etc. ? Vive le métissage ! Et vive la diversité ! Le monde est à tous, voyageons, voyagez, mélangeons nous, Vive la France et YES WE CAN !
Très juste, cette mise au point. Car dans notre devise Liberté, Égalité, Fraternité, je n'ai jamais pensé que l'égalité se fondait sur le fait d'être identique, et qu'à tout le moins on ne peut fonder l'identité sur un seul critère, fut-ce le genre, la couleur, ou tout autre caractère visible. La diversité ne me plaît pas plus, car elle semble concerner justement ceux qui se distinguent par rapport à un référentiel blanc, normal :-)
On reste dans le non-dit, le "je l'ai pensé tellement fort que tu l'as entendu".
Oui, cessons de caser les individus, et osons affronter la singularité.
Eve, L'une des convives du fameux dîner
Rédigé par : Evelyne Kuoh | 18 décembre 2008 à 18:19