L’actualité récente nous montre qu’il n’est pas toujours
facile d’être une femme qui exerce de grandes responsabilités et de prendre son
congé maternité. D’aucuns trouvent scandaleux qu’une femme reprenne une
activité professionnelle 5 jours après avoir subi une césarienne. Elle serait
mieux auprès de son bébé nous dit-on.
Très honnêtement, de quoi parle-t-on ? Du fait que la
mère d’un jeune bébé soit obligée de reprendre son poste pour garder son poste
et ne pas perdre ses responsabilités à un moment critique professionnellement,
sinon on risque de confier son poste à quelqu’un d’autre ? Du fait que son
employeur ne lui ait pas dit qu’elle pouvait ralentir le rythme et qu’il allait
lui mettre moins de pression pendant 2 ou 3 mois pour qu’elle puisse être
tranquille ? Du fait qu’il ait choisi d’annoncer une réforme majeure juste
au moment où elle accouche, comme si cela ne pouvait pas attendre quelques
semaines ?! Ou bien en profite-t-on pour jeter la pierre à une femme très
critiquée par ailleurs pour son action politique ?
Entendons nous bien, je n’aime ni la politique ni le personnage de Rachida Dati. Mais un peu de décence, laissons cette femme en paix. Nous nous plaignons qu’elle donne une mauvaise image des femmes qui prennent leur congé de maternité et que le congé maternité est sacré. Remettons tout cela en perspectives. De qui parle-t-on ? Quelles sont les femmes en France qui ont vraiment la possibilité de prendre un congé maternité ? Les salariées, elles sont nombreuses certes mais il n'y a que les salariées. Ni les professions libérales, ni les petits commerces, aucune des femmes qui ne comptent que sur le temps de travail EFFECTIF n’a les moyens de se payer un congé maternité de 4 mois sans revenus. Ou alors elles ont un conjoint qui peut subvenir à leurs moyens. Et là encore, il ne faut pas oublier qu’il y a des femmes qui n’ont personne pour les aider lorsque le bébé nait et qui doivent se débrouiller. Et les femmes cadres qui accouchent mais qui craignent que pendant leur congé maternité on confie leur dossier à quelqu’un d’autre ou on diminue le périmètre de leurs responsabilités ? C’est monnaie courante.
Soyons clair : pas de misérabilisme, Rachida Dati n’est
pas à plaindre. Elle a les moyens de pouvoir trouver de l’aide pour l’aider à
s’occuper de son bébé. Elle peut aussi travailler de chez elle si nécessaire et
aménager son temps de travail. Certes elle doit se reposer après sa césarienne,
mais elle est certainement bien suivie par son médecin. Et de toutes façons,
personne ne confond sa situation avec celle des femmes en général, et ce n’est
pas parce qu’on l'a vue à un conseil des ministres 5 jours après son
accouchement que cela remet en cause le droit au congé maternité pour les autres.
Et puis pourquoi s’acharner sur elle ? Pourquoi la mère doit-elle absolument être présente 100% du temps auprès du bébé ? Sylviane Giampino, auteur de « Les mères qui travaillent sont-elles coupables » rappelle que si la première année il est essentiel pour le bébé qu’un adulte soit fusionnel avec lui pour veiller à son développement, il n’est pas essentiel que cet adulte soit la mère. Cela peut être une grand-mère, une nounou, une tante, voire… le père ! Et oui, tout le monde critique Rachida Dati mais peut-être que pendant qu’elle travaille le bébé est gardé et choyé par son père, pourquoi n’y pense-t-on pas ? Nul ne sait qui est ce père après tout.
Personnellement j’ai déjà vu des avocates s’arrêter de travailler
2 semaines avant leur accouchement et reprendre 1 semaine après. J’en connais
une dont le mari s’était organisé pour travailler de la maison et s’occuper du
bébé. Cela n’a pas fait la une des journaux.
Rappelons qu’en Suède il n’existe pas de congé maternité. Il
existe un congé parental de 450 jours à répartir entre les 2 parents, dont
minimum 30 jours pour le père. Peut-être que nous pourrions nous en inspirer en
France, histoire de laisser chaque couple décider comment il s’organise à
l’arrivée de l’enfant, y compris les couples dont la femme est ministre…
A bon entendeur !
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