Parce que je fais de l’accompagnement professionnel pour les
femmes, il est courant que l’on me pose des questions comme « les femmes
sont-elles comme ceci ou cela ?… ». Moi-même je parle quelques fois « des
femmes », en étant toutefois consciente que les généralisations sont
réductrices.
Nous pensons souvent que Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres, pour reprendre le titre du
livre de Janine Mossuz- Lavau et Anne de Kervasdoué. Dans cet ouvrage publié en
1997, elles reprennent les résultats d’une longue enquête menée auprès d’une
centaine de femmes aux statuts les plus divers et font ressortir que les
femmes ne sont pas des clones des hommes.
Ce constat me rappelle une réflexion de la Contre-Amiral
Chantal Desbordes que j’ai eu l’occasion de voir la semaine dernière lors du
diner au Sénat de l’Association des Femmes Juristes et Entrepreneures, et qui
était également invitée le lendemain par HEC au Féminin. Elle cite à un moment
le compliment d’un supérieur qui lui dit : « Vous êtes un sacré
bonhomme », voulant lui faire plaisir en lui disant
qu’elle était un homme comme les autres, mais elle précise que tout ce qu’elle voulait
c’était le droit d’être elle-même. Pour ceux que cela intéress, elle a publié sa biographie en 2006 : Une femme Amiral.
Le dossier spécial de Sciences Humaines d’avril 2010 (n°214)
sur « L’ère du post-féminisme » a le mérite de montrer qu’il n’y a
pas (ou plus ?) de modèle féminin unique. L’accès à l’éducation supérieure
et à des nouveaux postes, l’évolution de la société au niveau de la vie de
couple (divorces, remariages, etc.) ont entrainé une multiplicité des choix des
femmes en ce qui concerne leur vie privée et professionnelle. On trouve tout
autant des femmes dans des métiers dits masculins (avocates, chercheuses,
ingénieures,…) que traditionnellement féminins (éducation,…), que des femmes qui
s’affichent comme féministes mais revendiquent le droit d’être au foyer ou de
porter le voile. Qu’est-ce donc qu’être une femme au 21ème
siècle ? Y a-t-il une réponse unique ?
Dans le dossier de Sciences Humaines, vous trouverez un entretien avec la
psychologue canadienne Susan Pinker, auteure du livre The Sexual Paradox (traduit par
Le sexe fort n’est pas celui qu’on croit), publié en France en 2009. Elle revient sur les raisons des différences entre les hommes et les femmes et explique que les recherches des dernières années en psychologie et
neurosciences montre qu’une partie des différences entre les hommes et les femmes serait liée à
la génétique et à l’influence des hormones sur le développement du cerveau, dès
avant la naissance et encore après.
Je suis toujours très précautionneuse avec les
explications biologiques car elles peuvent être utilisées pour enfermer les personnes
dans des cases ou pour justifier de prétendues hiérarchies entre les êtres
humains que je désapprouvent mais je partage avec vous cet article : elle précise ensuite que culture et éducation
interviennent après et amplifient ces différences. On ne pourrait donc pas
raisonner en termes de nature versus culture, ni pour les hommes ni pour les
femmes, mais il faudrait considérer que les deux "dansent ensemble". On en déduit que les
individus font des choix selon leur parcours de vie et les opportunités qui
leurs sont proposées. Là où je rejoins Susan Pinker, c’est quand elle dit que
ces choix ne sont pas toujours aussi faciles pour les uns et les autres, car la
société est encore régie en grande partie par des normes masculines.
On en revient donc au point de départ : les femmes ne
sont pas des hommes comme les autres, mais il n’y a pas non plus « les
femmes » ou « la femme », il y a des femmes et des hommes qui
font des choix personnels et qui tous ensemble font bouger les lignes. A suivre au cours du 21ème siècle...
Merci de ces références que je vais prendre le temps d'aller consulter. Je partage totalement votre proposition finale.
Je citerai la formulation qu'a trouvée Brigitte Grésy lors du dernier colloque InterElles et qui me parait pertinente, à savoir que les hommes et les femmes ont "différents modes d'accès à la réalité" et donc différents points de vue sur celle-ci. Et c'est bien la confrontation de ces différents points de vue qui permet de bouger et d'innover.
Rédigé par : catherine belotti | 01/04/2010 à 18:58