Eh oui, « quand on est un homme, on ne se rend pas compte et tant qu’on n’a pas vécu quelque chose, c’est très difficile de savoir comment cela se passe » et par conséquent, on ne peut pas vraiment comprendre la situation des femmes.
Si j’avais été la personne qui avait dit cela, j’imagine bien les commentaires : c’est manichéen, féministe, revendicatif et tutti quanti…
Je suis très contente donc d’avoir entendu ces mots le 22 juin dans la bouche de Michel Landel, Directeur Général de Sodexo, un homme vraiment investi pour la diversité et qui a fait en sorte que son groupe soit très moteur sur le sujet.
C’est à l’occasion du dernier petit-déjeuner Grandes Ecoles au Féminin (GEF) de la saison que j’ai pu écouter Michel Landel. Son passage aux Etats-Unis a été pour lui un révélateur, tant il est vrai que « s’il y a des excès là-bas dans le domaine de la gestion de la mixité et de la diversité, il y a aussi des points positifs ». Comme il le dit : « Avant, je n’avais rien compris. Puis, j’ai commencé à comprendre » … la situation des femmes. Comme pour beaucoup d’homme investis dans ces sujets, sa prise de conscience a aussi été nourrie par des échanges avec son épouse : « elle m’a secoué, challengé, cela m’a beaucoup aidé » (merci Mme Landel ! Mesdames, vous savez ce qu’il vous reste à faire à la maison… Mesdemoiselles, cela marche aussi avec les pères qui se préoccupent de l’avenir de leurs filles…).
Et non seulement il a pris conscience qu’il fallait changer, mais il a fait en sorte que cette prise de conscience se traduise par des actes dans son entreprise. Il prône les équipes mixtes, notamment au niveau de direction, et nous explique qu’il ne regarde plus les candidatures à un poste si on ne lui propose pas un nombre équivalent de candidats et de candidates. De même, il fait très attention aux stéréotypes ou affirmations difficiles à vérifier parce que subjectives, du type : « Elle ne peut pas prendre le poste, elle ne résiste pas au stress » pour une candidate en interne dont par ailleurs on voyait qu’elle avait de très bons résultats. Il le dit lui-même, toutes sortes de stéréotypes persistent, en particulier celui des horaires.
A son retour en France, il persiste dans sa politique de diversité mise en place aux Etats-Unis, mais il le dit lui-même : « En France, les gens ont du mal à comprendre, il y a des résistances importantes, ils pensent qu’il faut être politically correct. Mais il faut forcer ce processus (nota : de diversité) et surtout ne pas s’arrêter ». « De toutes façons, ce n’est pas tant une question de justice ou d’image, c’est du simple bon sens en termes de business case, il y a dans le monde plus de femmes que d’hommes or on ne les retrouve pas aux postes de directions, ce n’est pas normal. »
Quels seraient les avantages des femmes aux postes de direction, s’il y en avait un ? Pour lui, les femmes sont plus directes, moins politiques, perdent moins de temps (car elles ont deux métiers… le travail et la maison !) et dans un métier de service, c’est essentiel. Diversité et mixité sont pour lui des facteurs clefs de succès.
Concrètement, que faut-il faire pour que cela change ? Tout participe au changement et notamment :
- chacun doit se remettre en question, avoir envie d’apprendre et de sortir d’un monde monocolor et masculin ;
- des
formations sur le sujet (bien sûr, je vous dirai : Appelez-moi ! On
met en place Tremplin pour les femmes chez vous demain si vous voulez ! On
est la meilleure équipe du monde avec le meilleur produit, si si, je vous jure,
vous allez voir :-) ) ;
- de l’information
aussi : il faut que les dirigeants comprennent car ce sont encore les
hommes qui ont les clefs et il faut qu’ils ouvrent les portes aux femmes ;
- se mettre
des objectifs avec des mesures précises pour mesurer à quelle vitesse et si on
les atteint. D’ailleurs, il est plutôt favorable aux quotas pour faire avancer
le sujet ;
- modifier
certains procès : recrutements, promotions, succession plan, gestion des
horaires ;
- Et aussi…
que les femmes s’impliquent ! Cela l’a beaucoup surpris en rentrant des
Etats-Unis de voir que les femmes qui étaient arrivées à des postes de
direction avaient également des résistances et ne voyaient pas ce qu’il fallait
faire pour aider les autres.
Bref, une foultitude de conseils que j’approuve. Enfin un grand patron qui sait de quoi il parle quand il parle de diversité et mixité, et qui s’implique vraiment. Et ce n’est pas le cas de tous les invités qui sont venus aux petits-déjeuners de GEF cette année, croyez-moi…
Alors pour finir, un mot de Martin Luther King qu’il aime
bien : « Tout le monde est important car tout le monde sert à quelque
chose ». Et oui, je n’aurais pas mieux dit…
(wij4pm87vz)
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