Et si elles avaient le pouvoir… le monde serait-il
différent ?
La question se pose de plus en plus ces derniers mois, avec
des articles comme celui du New York Times « Et si cela avait été les
Lehman Sisters au lieu des Lehman Brothers » ou des études comme celles
des cabinets Hudson « Les femmes seraient-elles de meilleurs leaders ? » et
McKinsey « Women Matter 2, Le leadership au féminin, un atout pour la
performance de demain ».
Isabelle Germain, journaliste et co-présidente de
l’Association des Femmes Journalistes, mène une enquête minutieuse sur l’avancée
de la présence des femmes dans les instances de pouvoir : pouvoir
politique, économique, intellectuel, médiatique et… domestique !
Elle commence par un chapitre au titre choc : « La
grande illusion ». Car, nous dit-elle, certains médias voudraient nous
faire croire que les femmes ont déjà le pouvoir. Laurence Parisot, Angela
Merkel, Laurence Ferrari, autant de femmes à des postes importants qui
pourraient nous faire croire que la question de l’(in-)égalité hommes / femmes
est résolue. Que nenni, c’est l’arbre qui cache la forêt nous démontre-t-elle,
chapitre après chapitre : 18% de femmes à l’Assemblée Nationale, 9% dans
les conseils d’administrations du CAC40, une minorité quasi invisible dans les
cercles intellectuels et autres think tanks, etc.
Mais « Où sont les femmes ? » comme dit la
chanson… Les femmes, les femmes, les femmes, les femmes… Pourtant elles sont
partout dans les médias : tantôt mères parfaites des hommes de
pouvoir, tantôt muses de ces messieurs, voire aguicheuses dans les publicités,
mais rarement elles-mêmes au pouvoir et décideuses (sauf dans L-onTop bien
sûr…).
Isabelle Germain, très bien documentée, nous montre ainsi comment les femmes ont
essayé, dans les dernières décennies, d’être plus présentes dans les sphères
d’influence, et explique leurs difficultés à y parvenir. Elle nous aiguille
aussi vers des solutions concrètes, tant pour l’entreprise que pour les femmes qui
travaillent : changer la culture du présentéisme, repérer les femmes à
potentiel sur la base de leurs compétences, aider les parents (hommes et
femmes) à équilibrer les temps privés et professionnels ; et en tant que
mère qui travaille, ne pas se laisser piéger par un sentiment de culpabilité.
Alors, si elles avaient le pouvoir, le monde serait-il
différent ? Serions-nous
comme dans Dune de Frank Herbert, dans un monde de Bene Gesserit dont
wikipedia me dit à l’heure où j’écris ces lignes que c’est une « école
exclusivement féminine aux visées politiques mystérieuses et aux pouvoirs non
moins étranges »… Cela fait peur, n’est-ce pas !
Rassurez-vous, rien de si caricatural. La fin du livre d’Isabelle Germain nous montre au contraire qu’un certain nombre de sujets d’intérêt général qui intéressent peu les hommes au pouvoir aujourd’hui seraient mieux traités : le développement durable, l’éducation, la santé, l’accueil de la petite enfance, les congés parentaux équilibrés, etc. Alors, pour un plan Marshall pour l’égalité hommes / femmes comme elle le suggère ? Nous attendons en tous cas la suite de cette brillante démonstration.
Vous pouvez retrouver cet article dans L on Top du mois de mai 2009, dans ma rubrique L a la Page.
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